Arrivés là, nous mâchons nos feuilles de coca durant une heure environ, en tentant de nous réchauffer aux pâles rayons du soleil.

Tu dois te demander pourquoi grignoter de telles feuilles ?

Bien sûr ! Eh bien, le suc de ces ramures contient un peu de cocaïne ; il nous permet de tenir sans manger durant toute une journée, il aide aussi notre esprit à demeurer détendu et il procure un effet bienfaiteur au niveau de la résistance physique... Je crois que c’est un peu tout cela. Mais ce n’est pas une drogue : c’est un produit naturel, recommandé ici pour tous ceux qui travaillent très dur dans les Andes.

Les feuilles de coca sont vendues dans la rue par des marchands.

Cette pousse était déjà utilisée par le peuple Inca, depuis des centaines d’années.

Nous descendons par groupe de deux dans les entrailles de la terre ; mon compagnon s’appelle Pablito, et il a 15 ans ; il est gentil avec moi et porte les charges à ma place lorsque je suis épuisé ; nous faisons équipe depuis trois ans.

Nous glissons dans la mine à travers des grottes et des passages parfois délicats ; tantôt, nous dévalons sur les fesses car nous ne pouvons faire autrement ; d’autres fois, nous devons ramper pour passer dans des couloirs très étroits et suintant de boue.

Nous nous éclairons avec des lampes au carbure pour atteindre notre « niche », c’est à dire l’endroit où nous allons travailler toute la journée. Je frappe sur un petit burin avec un marteau sur la paroi, pour faire tomber sur le sol des plaques que j’effrite ensuite avec les doigts. Puis je remplis ces débris dans de petits sacs de six kilogrammes que je remonte à l’extérieur, au sommet du Cerro Rico ; là, je donne mes deux sacs à des messieurs qui vont les peser et les vider dans un camion. Je redescends par le même chemin, et je recommence ces gestes et ces allers retours environ 25 fois dans la journée.

Tu vois que c’est une sacrée gymnastique !

Au fond, la chaleur, l’humidité et le silence sont terribles.

C’est très dangereux, mais nous avons « el tio », petite statuette des mineurs qui nous protège…

Pablito et moi sommes maintenant exténués ; il est 17 heures.

Nous décidons d’arrêter.

Nous remontons une dernière fois du fond de la mine.

La nuit tombe doucement et l’air froid nous saisit ; nous plaçons immédiatement nos cagoules avant de grimper dans le camion qui nous ramène en ville.

 

Extrait de  "La Bolivie : Chiquito, le petit mineur"

 

 

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